Si tu as grandi avec Football Manager dans les années 2000, tu connais Freddy Adu. À 14 ans, il était le nouveau Pelé. Talent précoce, contrats millionnaires, pubs Nike… Aujourd’hui, Freddy Adu revient en mentor. Et surtout, il transmet ce que personne ne lui avait appris : comment ne pas exploser en vol.
Avant Lamine Yamal, avant Kylian Mbappe et avant James Rodriguez, il y avait Freddy Adu. Originaire du Ghana, nation qui deviendra quelques années plus tard un exemple de formation pour les pays africains, Fredua Korateng “Freddy” Adu débarque aux Etats-Unis à 8 ans. Il arrive aux États-Unis avec sa mère, Emilia, grâce à une loterie de visa — un procédé courant au début des années 2000.
Courant, certes, mais la famille de Freddy fait rapidement face au racisme, lui le premier. Dès ses premiers tournois, on lui reproche de mentir sur son âge et d’être beaucoup plus vieux qu’il ne le prétend. Le Ghanéen comprend vite qu’il devra en faire plus. Beaucoup, beaucoup plus que ses jeunes camarades.

Son toucher raffiné, sa vision du jeu et son audace le distinguent sur les terrains du Potomac Soccer Association, près de Washington, aux côtés de joueurs bien plus âgés. À 13 ans, Little Adu est déjà sur les lèvres de tous les recruteurs de la East Coast.
Pour parachever son œuvre, il termine meilleur buteur et MVP d’un tournoi U14, où figuraient les cadets de la Lazio de Rome et de la Juventus. Il devient à 14 ans et 306 jours, le plus jeune joueur de l’histoire à signer et à jouer en MLS, avec D.C. United.
Sans transitions
D’ailleurs, deux semaines plus tard, il marque son premier but, offrant sa première “Freddy thing”, ce qui déclenche une vague médiatique sans précédent. L’Amérique s’emballe. IL est là, sous nos yeux. Le fleuron du soccer.
Alors, telle une star NBA, Freddy signe un contrat Nike à sept chiffres, pose aux côtés de Pelé dans une pub Sierra Mist (une gamme de boissons gazeuses au citron vert), apparaît sur MTV dans le late show de David Letterman. Un 19 novembre 2003, le même soir que… Cyndi Lauper.
Comment rester sur terre quand on est interviewé sur le même show et le même soir que Cyndi Lauper ? Ce passé de rockstar a un prix, évidemment. Vous la voyez, la chute ? Si pour tous amateurs de football aujourd’hui, ce cheminement et cette starification inquiètent (Lamine Yamal, on te parle), en 2004 personne n’est formaté à le comprendre.
Quelques années plus tard, son ancien coéquipier à D.C. United, Alecko Eskandarian, révélera au Washington Times que “son focus est passé du terrain à la publicité”. Adu l’avoue lui‑même, dans le même média américain :
« As a fourteen‑, fifteen‑, sixteen‑year‑old … maybe I wasn’t training as hard as I should have. And it hurt me .»
Benfica, passeur du mirage occidental
À 18 ans, Freddy Adu rejoint le Benfica pour environ 2 M$ et un contrat prestigieux. Mais les promesses s’évaporent : quelques buts en Liga portugaise, puis des prêts en cascade : Monaco, Belenenses, Aris, Rizespor… 37 matchs officiels au total. Trop de changements qui l’empêchent de s’ancrer, alors même qu’en 2006, il est la nouvelle coqueluche de Sir Alex Ferguson. Privilège.
Son ancien coach U20 déclare :
« À l’aéroport, juste après la Coupe du Monde 2007, j’ai supplié son agent pour qu’il ne signe pas là-bas … Benfica était trop grand pour un jeune joueur .»
Qui serait Freddy Adu ?
Freddy Adu, dribleur exceptionnel, une vision du jeu précoce, des passes précises et une finition rapide. Malgré son agilité et son équilibre dus à sa petite taille, il manquait toutefois d’endurance et de vitesse.
Joueur libre, entre numéro 10 et ailier, pas défenseur pour un sous. Aujourd’hui, il ressemblerait à des profils comme Giovani Reyna, Xavi Simons ou Rodrygo, et aurait évolué en faux ailier gauche ou meneur libre, à la façon d’un Jamal Musiala, encore un peu plus épais.

À 22 ans, rideau. Retour au pays avec les Philadelphia Union, où l’irrégularité persiste. S’ensuivent des passages discrets au Bahia (Brésil), Jagodina (Serbie), KuPS (Finlande), Tampa Bay Rowdies (USA) et Las Vegas. «J’ai gaspillé beaucoup de temps, des années de ma carrière, simplement en ne me consacrant pas assez au sport. Le temps, quand il est gaspillé, n’a aucun intérêt”, confie le joueur dans une interview accordée à la MLS
Mentor et formateur
À la croisée des chemins, il offre ses enseignements clés. Freddy Adu est un météore au destin tragique : lancé trop tôt, sublimé par la hype, égaré dans ses choix, mais pas vaincu. Retiré des terrains depuis 2021, Freddy se consacre à l’entraînement de jeunes talents dans sa région du Maryland.
Il façonne la relève, avec la sagesse acquise au prix de son propre parcours, et prouve que même une pépite brisée peut devenir un phare pour les générations futures.
Un message : parfois, la vraie gloire, c’est d’aider les autres à briller.
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