Dans cette seconde partie, Damien Joly revient sur son rôle au sein de l’équipe de France de natation. Il partage également ses souvenirs les plus marquants.
Damien Joly est considéré comme un repère pour les jeunes nageurs. Il revient dans cette interview sur l’origine de sa spécialité du 1500 mètres nage libre, ainsi que sur les moments marquants de sa carrière au sein de l’équipe de France.
Après ces années, qu’est-ce qui reste le plus gravé dans votre mémoire ?
Je dirais qu’il y a deux souvenirs particulièrement marquants pour moi. Le plus émouvant, celui qui m’a vraiment marqué, c’est ma qualification pour les Jeux olympiques lors des championnats de France en 2012. À l’époque, j’avais 19 ans. J’avais quitté ma famille trois ans auparavant pour rejoindre un centre d’entraînement de haut niveau. Mes parents m’ont toujours soutenu et ils étaient présents pour ce championnat de France.
Au départ, la qualification olympique n’était pas un objectif car je venais juste de passer en catégorie senior. Lors de la dernière épreuve, le 1500 mètres, j’ai fini deuxième et décroché le dernier billet pour les Jeux. Mes parents et ma sœur étaient présents et on a partagé ce moment émouvant en larmes et dans les bras les uns des autres. C’est un souvenir marquant, symbolisant mon entrée en équipe de France.
Le deuxième moment inoubliable, c’est ma qualification pour la finale olympique à Paris. Une fois de plus, ma famille était dans les tribunes, ils m’ont encouragé et ont vu en direct mes performances.
Vous êtes l’un des doyens de l’équipe de France de natation. Comment vous positionnez-vous vis-à-vis des plus jeunes nageurs ? Vous voyez-vous comme un mentor ou une source d’inspiration pour eux ?
C’est gratifiant car il y a 12 ans, j’étais à leur place et je sais ce que cela signifie pour eux. Je ne me considère pas comme un modèle mais si je peux les inspirer et leur donner envie de bâtir une carrière similaire, c’est l’essentiel pour moi. J’ai toujours persévéré et aimé ce sport et j’espère être une source de motivation pour les jeunes.
L’équipe fonctionne très bien en ce moment. Les jeunes sont plus dégourdis et en avance par rapport à moi à leur âge. Ils sont sérieux et leurs résultats aux Jeux de Paris le prouvent. Cela me fait plaisir d’être vu comme un vétéran entouré d’une si bonne équipe, cela me garde jeune d’esprit, ce que j’apprécie beaucoup.
« Je sens que je peux encore monter en puissance »
Comment envisagez-vous la suite de votre carrière ? Y a-t-il des objectifs que vous aimeriez atteindre ?
Pour l’instant, je me concentre sur les championnats du monde en bassin de 25 mètres, qui approchent. Je me suis qualifié la semaine dernière lors des championnats de France et ces championnats du monde en petit bassin auront lieu à Budapest, du 10 au 15 décembre. Ensuite, à partir de janvier, on entamera la saison en grand bassin, en bassin de 50 mètres, le bassin olympique.
Nous aurons en juin les championnats de France qualificatifs pour les mondiaux de Singapour en juillet, principaux objectifs de la saison. La saison prochaine culminera avec les championnats d’Europe à Paris, à l’été 2026. J’aimerais être présent au moins jusqu’à cet événement, qui pourrait être une belle manière de clore ma carrière, si la motivation est toujours là.
En tout cas, mon objectif principal est d’aller jusqu’aux championnats d’Europe de Paris en 2026. Je veux donner le meilleur de moi-même devant le public français.
#Sport | Ce week-end, notre nageur et policier Damien Joly s’est illustré aux championnats de France à Montpellier 🏊 En décrochant 2 médailles 🥇 sur les 800m et 1500m nage libre, il s’est qualifié pour les championnats du monde à Budapest en décembre prochain. pic.twitter.com/6BcpgjlGzl
— Police nationale (@PoliceNationale) November 4, 2024
Vous êtes un spécialiste du 1500 mètres nage libre, comment est-elle venue et quels sont selon vous les ingrédients clés pour exceller sur cette distance ?
Je n’ai jamais été très explosif, le sprint n’est pas ma spécialité, ce que je tiens de mes parents. J’ai toujours été plus endurant, même à l’école, où je réussissais mieux en endurance qu’en vitesse. En natation, on apprend d’abord toutes les nages, puis on découvre nos meilleures disciplines. Pour moi, cela a été clair dès le début, avec de bons résultats sur les distances plus longues, surtout en crawl.
C’est vers 16 ans, aux championnats de France à Calais que j’ai remporté mon premier titre de champion de France cadet sur le 1500 mètres. C’est à partir de là que ma spécialité pour le 1500 mètres s’est installée et que cette distance est devenue une vraie passion pour moi.
Mes qualités étaient vraiment tournées vers l’endurance. Je n’étais pas très rapide sur les épreuves de sprint. Dans les autres nages, je me débrouillais mais rien d’exceptionnel. C’est vraiment sur le 1500 mètres que je me distinguais et obtenais des résultats supérieurs.
Comment maintenez-vous cette passion pour la natation après toutes ces années de compétition ? Y a-t-il quelque chose qui vous motive particulièrement aujourd’hui ?
Le fait d’avoir beaucoup bougé a certainement influencé mon parcours. J’ai entraîné dans plusieurs endroits différents : à Antibes avec Franck Esposito lors de mes premiers Jeux, puis à Nice avec Fabrice Pellerin, avant de revenir à Antibes avec Franck. Ensuite, j’ai passé quatre ans avec Philippe Lucas, d’abord à Montpellier, puis en Martinique. Depuis deux ans, je m’entraîne en Italie avec Fabrizio Antonelli dans le groupe de Gregorio Paltrinieri. C’est l’un des plus grands noms du 1500 mètres, champion olympique en 2016 et finaliste à Paris, à peu près du même âge que moi. M’entraîner avec lui et son groupe est une excellente dynamique. La mentalité italienne me convient bien pour l’instant.
Ce qui m’encourage à continuer, c’est avant tout l’amour que j’ai pour la natation. J’aime voir que je progresse encore et que j’ai toujours la possibilité de m’améliorer. C’est aussi cela qui me pousse à continuer : découvrir jusqu’où je peux aller. Je sens que je peux encore monter en puissance.
J’ai la chance d’être soutenu par la Police Nationale, mon employeur, ainsi que par mon club, le Stade Français Natation à Paris. Je remercie aussi le maire de ma ville, Bernard Ruch, pour son soutien. Ces appuis sont essentiels, car sans eux, financer ma carrière serait beaucoup plus difficile.
Damien Joly
Pays : France
Âge : 32 ans
Poids : 72 kg
Sport : Natation
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