L’ancien attaquant du Quimper KFC, Antoine Viterale, a récemment choisi de mettre sa carrière de football professionnel en suspens. Âgé de 28 ans, il revient sur son parcours atypique.
Pourquoi avez-vous arrêté votre carrière de football pour le moment ?
Après mon expérience à Hong Kong, j’ai dû faire face à une charge émotionnelle importante. Mon but ultime était de représenter Hong Kong sur la plus grande scène et après être passé du football amateur au football professionnel, je me suis rendu compte que je n’avais plus la passion qui m’animait autrefois. Bien que j’aie eu des opportunités dans différents clubs, j’ai ressenti une perte totale d’amour pour le football.
Avez-vous l’intention de rejouer ?
Si l’occasion se présente, je l’envisagerai certainement. Parfois, s’éloigner de quelque chose peut raviver ce désir. Honnêtement, je ressens cela de temps en temps, donc je n’exclurais jamais la possibilité de rejouer au football.
Si ce n’est pas le cas, qu’aimeriez-vous faire ensuite ?
Si j’ai décidé d’arrêter de jouer, c’est en partie à cause de mon parcours entrepreneurial. J’ai créé mes propres entreprises, notamment une agence de médias à Singapour appelée Vortex Media. Avec ma sœur, nous possédons également « The Pet Times Asia », un magazine dédié aux animaux de compagnie dans la région. Ces projets ont en quelque sorte remplacé ma passion pour le football.
Qu’avez-vous appris de vos expériences et quels sont les championnats et les pays qui ont été les plus difficiles ?
J’ai beaucoup appris, notamment en matière de persévérance, de force mentale, de discipline et de gestion des personnes — des enseignements que j’applique aujourd’hui dans mes nouveaux projets. Il est difficile de pointer une seule expérience en particulier, car chacune d’elles m’a apporté de précieuses leçons.
Ayant joué dans des ligues régionales en France, quelle est votre opinion sur le football français et ses ligues inférieures ? Y a-t-il des progrès à faire ?
Le football français est l’un des meilleurs, comme en témoignent l’équipe nationale et la Ligue 1. Même dans les divisions inférieures, le niveau est impressionnant, avec de nombreux joueurs talentueux et ambitieux. Je dis souvent aux joueurs asiatiques à quel point le football est compétitif, même à ces niveaux. Cependant, il reste des progrès à faire, notamment en matière d’organisation et de professionnalisme car de nombreux joueurs doivent concilier le football avec d’autres emplois.
« Hong Kong est un endroit fantastique pour jouer au football »
En tant que joueur des ligues régionales, à quoi ressemblait votre vie quotidienne ? Avez-vous géré votre régime alimentaire pour vous préparer et cela a-t-il changé avec l’équipe nationale de Hong Kong ?
Même dans les ligues régionales, j’ai conservé une approche professionnelle en me concentrant sur la nutrition et le repos. Mes coéquipiers se moquaient souvent de mon sérieux. J’ai passé les six premiers mois loin des compétitions à récupérer mentalement avant de recommencer à m’entraîner sérieusement. Au cours de la dernière année, j’ai dû concilier l’entraînement et la création de mon entreprise, notamment en visant une place dans l’équipe nationale de Hong Kong et en me préparant à revenir sur le circuit professionnel.
Quelles différences avez-vous remarquées entre le football hongkongais et le football français ?
Je n’ai pas beaucoup pratiqué le football à Hong Kong mais la principale différence que j’ai remarquée concerne le physique. Les joueurs français sont généralement plus forts et plus physiques que ceux de Hong Kong.
Pourquoi avez-vous choisi l’équipe nationale de Hong Kong ?
Je suis né et j’ai grandi à Hong Kong jusqu’à l’âge de 13 ans, moment où j’ai déménagé en Europe pour poursuivre mon rêve de jouer au football professionnel. Je suis resté résident et je suis revenu régulièrement. En 2023, j’ai eu l’occasion de rejoindre l’équipe nationale.
« Je me suis senti rejeté »
Pourquoi n’avez-vous pas fini par jouer pour Hong Kong ?
J’ai été approuvé et sélectionné par l’ancien entraîneur, Jorn Andersen, qui voulait que je représente Hong Kong, surtout à l’approche de la Coupe d’Asie au Qatar. Malheureusement, pour des raisons de nationalité, ma candidature a été rejetée à plusieurs reprises. J’ai dû faire face à des défis importants au cours du processus, surtout après avoir manqué plusieurs années en raison de la pandémie. Ce fut l’un des moments les plus difficiles de ma vie car je me suis senti rejeté non seulement sur le terrain de football mais aussi par une nation qui compte tant pour moi.
A-t-il été difficile de s’adapter à la vie et au football à Hong Kong ?
Cela a été assez facile puisque je suis né là-bas et que je connaissais bien la région. Le plus grand défi a été de m’adapter à la chaleur et à l’humidité intenses pendant les entraînements et les matchs, ce qui a pris un certain temps.
Comment le football est-il perçu là-bas ?
Il y a une grande passion pour le football à Hong Kong, même si la Premier League et la Liga reçoivent souvent plus d’attention que les championnats locaux.
Recommanderiez-vous Hong Kong comme destination aux footballeurs ?
Tout à fait ! C’est un endroit fantastique pour vivre et jouer au football. Je pense que tout joueur qui a l’occasion de jouer à l’étranger devrait la saisir, car cela lui permet de s’épanouir sur le plan personnel et professionnel.
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