Strasbourg : un mercato audacieux mais à quel prix ?

Strasbourg a frappé fort sur le marché des transferts. Mais ce pari soulève déjà des doutes sur l’identité du club.

Le mercato estival s’est clôturé ce lundi 1er septembre à 20h00. Plus de 661 millions d’euros ont été dépensés pour renforcer les 18 effectifs de Ligue 1, au terme d’une période marquée par une activité intense. Pas moins de 211 joueurs ont posé leurs valises en France, tandis que 199 ont choisi de quitter l’Hexagone. Mais un club a particulièrement retenu l’attention avec un mercato aussi intrigant qu’original : le Racing Club de Strasbourg.

Grégory Thil, ancien directeur sportif du RC Lens, est arrivé à Strasbourg avec une mission claire. Le club mise sur sa capacité à dénicher de jeunes talents à bas prix. L’exemple le plus parlant reste la découverte d’Abdukodir Khusanov, acheté 100 000 euros puis revendu 50 millions à Manchester City. Avec 14 recrues pour un montant total de 127 millions d’euros, le club de la galaxie BlueCo s’affiche comme le plus gros investisseur de Ligue 1 durant ce mercato. Doté de moyens financiers inédits, le club alsacien assume pleinement une politique sportive tournée vers la jeunesse, avec une moyenne d’âge de 21 ans parmi ses nouvelles recrues.

Strasbourg : le Chelsea français ?

Strasbourg s’est renforcé dans chaque domaine, en partie grâce à la multipropriété avec le club majeur de Premiere league : Chelsea. Près de six joueurs en provenance de Chelsea ont rejoint la capitale alsacienne. Parmi eux, une recrue d’expérience avec Ben Chilwell, champion d’Europe 2021 mais aussi le jeune Équatorien Kendry Páez, considéré comme une pépite du football sud-américain, sans oublier les milieux Mathis Amougou et Mamadou Sarr, resté au club sous forme de prêt.

Strasbourg a également approché d’autres clubs. Brighton, par exemple, a cédé Julio Enciso, véritable valeur ajoutée pour l’équipe, ainsi que Valentin Barco. L’Argentin Joaquín Panichelli, avant-centre arrivé d’Alavés, s’est vite adapté à Strasbourg. Il compte déjà deux buts en trois matchs de Ligue 1.

La saison s’annonce longue et exigeante, avec un calendrier alourdi par la qualification en Ligue Europa Conférence face aux Danois de Brøndby. Conscients de ce défi, Liam Rosenior et son staff ont donc choisi d’étoffer l’effectif. Un choix ambitieux qui ne fait toutefois pas l’unanimité chez les supporters.

Une identité en péril ?

Beaucoup de supporters admettent que le club n’avait jamais eu une telle puissance économique sur le marché des transferts. Ses ambitions sportives semblent enfin à la hauteur de son budget. Pourtant, une partie des fans exprime un profond malaise. Ils déplorent une perte d’identité, liée au faible nombre de joueurs formés au club parmi les titulaires et craignent que le Racing ne devienne une simple « filiale » de Chelsea. Les départs records de Dilane Bakwa ou encore d’Habib Diarra ont renforcé ce sentiment de dépouillement orchestré par BlueCo, perçu comme un affaiblissement du lien historique entre le club et sa formation. Certains témoignages de supporters sont explicites : « On nous a enlevé nos joueurs d’expérience… BlueCo impose une politique U21. Aucun club ne peut être compétitif dans ces conditions. »

Les Ultras Boys 90, principal groupe ultra strasbourgeois, ont montré leur mécontentement en menant une grève d’encouragement durant les 15 premières minutes de chaque match. Ils ont aussi brandi des banderoles « anti-BlueCo », notamment face à Rennes, pour protester contre la multipropriété.

Malgré les contestations, le club signe un début de saison encourageant. Le Racing a déjà pris 9 points sur 12 en Ligue 1 et s’est qualifié pour la Ligue Europa Conférence.

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