Paul Gabrillagues, joueur emblématique du Stade Français, revient sur son parcours et son attachement au club.
« Titi parisien » sur le terrain, qu’est-ce que cela signifie pour vous dans votre façon de jouer et de représenter Paris ?
Le Stade Français c’est le club que je supportais quand j’étais plus jeune donc forcément, cela représente quelque chose de très fort pour moi. Représenter ma ville tout en défendant les couleurs du Stade Français apporte une dimension particulière. Cela me donne un supplément d’âme et une motivation supplémentaire chaque jour. À chaque entraînement, cela me pousse à donner 100 % de moi-même.
Quand vous étiez petit, rêvez-vous déjà de faire toute votre carrière au Stade Français, ou avez-vous d’autres rêves ou clubs en tête ?
Quand j’étais petit, je ne me projetais pas vraiment. Simple supporter, je suivais les matchs par passion, qu’il s’agisse de rugby ou de football, notamment en allant voir le Paris Saint-Germain.
Tout a changé quand je suis entré au centre de formation du Stade Français. En évoluant jusqu’au niveau professionnel, mon objectif s’est précisé : faire toute ma carrière dans ce club, inspiré par Pierre Rabadan, fidèle au Stade Français.
Dans le football, des figures comme Totti ou De Rossi, exemplaires dans leur loyauté à leur club, ont toujours nourri mon admiration. Cette fidélité résonne profondément avec ma vision du sport.
Quatre ans loin du maillot bleu, comment avez-vous mentalement vécu ce laps de temps ?
C’est la vie d’un sportif, c’est comme ça. Je pense qu’il faut parfois savoir relativiser, car il y a des choses bien plus graves dans la vie. Bien sûr, tu as toujours envie d’être au top, de porter le maillot de l’équipe de France, mais ça ne s’est pas fait. Cela fait partie de mon parcours, et je l’accepte. Avec du recul, je prends les choses comme elles viennent, et je crois un peu au destin. C’était mon chemin, mon histoire, et je l’accepte ainsi.
Envisagez-vous un retour en sélection à l’avenir ?
Je vous avoue qu’en ce moment, je suis entièrement concentré sur l’actualité du club. Je ne pense à rien d’autre que le Stade Français. Ma priorité, pour l’instant, c’est vraiment le club.
Quel est votre secret pour garder cette passion pour le rugby ?
Quand tu fais quelque chose que tu aimes, ça change tout. Le rugby, c’est mon travail, comme le journalisme peut être le vôtre, ou comme d’autres sont comptables ou exercent d’autres métiers. On a tous des rôles différents. J’ai beaucoup de chance, car je fais un travail qui me passionne : j’adore le rugby. En plus, je joue pour quelque chose de fort, qui va au-delà du simple sport. Comme je le disais tout à l’heure, chaque matin, quand je vais au club, je sais que je représente le Stade Français, et ça me rend heureux.
« Mon rêve serait de remporter le Bouclier de Brennus avec le Stade Français. »
Quand vous n’êtes pas sur un terrain de rugby, qu’est-ce qui vous fait vibrer autant que le rugby ?
Le sport en général m’intéresse énormément. Je suis attentivement l’actualité sportive dans différents domaines. J’apprécie particulièrement le football, mais pas seulement, je m’intéresse à beaucoup de sports.
En dehors du sport, je profite des choses simples de la vie : passer de bons moments avec mes amis et ma famille, des instants authentiques et précieux.
Comment décririez-vous l’évolution de votre club depuis vos débuts ? Et l’évolution du rugby en France ?
Le Stade Français est un club atypique, marqué par des périodes mouvementées, notamment en 2017, où il a été sauvé in extremis d’une possible relégation au niveau amateur. Cette résilience reflète ses hauts et ses bas, dignes de montagnes russes.
Dans le rugby français, des évolutions récentes, comme la règle des JIFF, favorisent l’émergence de jeunes talents et renforcent l’équipe de France, qui a progressé de façon spectaculaire ces quatre dernières années.
Par ailleurs, le Top 14 s’est imposé comme l’un des championnats les plus compétitifs au monde, où chaque équipe peut surprendre. Cette intensité offre une expérience unique pour les joueurs, au cœur d’un spectacle où rien n’est jamais acquis.
Si vous pouvez changer une chose dans le rugby moderne, qu’est-ce que ce serait ?
Chaque club adopte des stratégies uniques pour promouvoir le rugby. Le Stade Français a marqué les esprits en organisant des matchs dans des stades emblématiques, comme le Stade de France ou le Parc des Princes. Ces initiatives permettent de mettre un coup de projecteur sur le rugby et d’attirer un public élargi. Souvent grâce à des politiques tarifaires attractives, comme des billets à 5 € ou des entrées gratuites pour les femmes.
Ce type d’événements renforce l’accessibilité et la popularité du rugby, tout en créant une véritable expérience pour les spectateurs. Au-delà du jeu, c’est un spectacle qui célèbre le lien profond entre ce sport et la culture populaire. C’est un aspect qu’il est essentiel de préserver.
Quel est votre plus grand rêve à réaliser avant la fin de votre carrière ?
Soulever le Bouclier de Brennus avec le Stade Français.
Après avoir porté les couleurs du Stade Français et de l’équipe de France, qu’est-ce qui vous reste à accomplir pour vous sentir pleinement épanoui dans votre carrière ?
Bien sûr, tu veux toujours gagner des titres. Pour ma part, ça m’embêterait vraiment de terminer ma carrière sans avoir remporté de grands trophées. Remporter le Bouclier de Brennus en 2015, ce n’était pas tout à fait la même chose pour moi. C’était ma première saison. J’étais jeune, j’avais joué 13 matchs au total, dont peut-être 7 en Top 14, donc ce n’était pas pareil. Tu ne te sens pas vraiment comme un champion à ce moment-là.
Ce serait vraiment d’arriver à gagner des titres avec le Stade Français, que ce soit la Coupe d’Europe ou un Bouclier de Brennus. C’est compliqué, j’en suis conscient, mais chaque matin, je me lève et vais au club pour ça. Parce que j’ai envie de gagner.
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