A l’heure où les datas sont de plus en plus utilisées par les clubs de football, une équipe croit depuis longtemps dans ce modèle.
Le club de Brighton & Hove Albion, nouvelle coqueluche du football anglais, intrigue et suscite l’admiration grâce à son utilisation des datas. Comment un club jusque là sans grande renommée nationale, est-il devenu un modèle du recrutement moderne dans le football ? Éléments de réponse avec la recette « Tony Bloom ».
Tony who ?
Tony Bloom est le propriétaire des « Seagulls » depuis 2009. Lorsqu’il rachète le club, celui-ci végète en troisième division anglaise.
Et si Brighton est devenu un club installé dans le paysage de la Premier League depuis sa promotion dans l’élite en 2017, c’est parce que son président a mis en place une méthode de recrutement révolutionnaire lors de son arrivée. Une méthode encore appliquée actuellement par les recruteurs du club : l’utilisation de la data.
Cette méthode, Tony Bloom l’a d’abord appliqué au poker et aux paris sportifs. Il est issu de ce monde où l’on fait confiance aux statistiques pour prendre un pari ou une décision. Celui que l’on surnomme parfois « The Lizzard » (le lézard), a crée en 2006 une société de conseils en paris sportifs en ligne nommée « StarLizard ».
Son objectif : utiliser des modèles de données et d’informations sophistiqués pour prédire les résultats des évènements sportifs. Une recette « miracle », que l’entrepreneur anglais a décidé de transposer dans le monde du football et notamment à son réseau de recrutement.
Depuis 2017, le groupe StarLizard a lancé une branche spécifique au football : Jamestown Analytics. Une entreprise décrite par le « Times » comme « la société de données la plus avancée dans le football ».
Comment ça marche ?
C’est très simple. Une fois qu’un partenariat avec un club est confirmé, Jamestown procède à une évaluation en tenant compte de nombreuses catégories et en classant chaque joueur jouant à une position similaire. Les clubs fournissent des critères à Jamestown dès lors qu’ils cherchent à recruter un nouveau joueur. Sont étudiés : l’âge, la valeur marchande, le style de jeu et les caractéristiques footballistiques et physiques.
Ensuite, Jamestown Analytics passe en revue les données et crée une liste. L’entreprise met tout particulièrement l’accent sur la capacité de développement des joueurs, autrement dit, leur potentiel. Derrière cette idée de « scouting informatique » ? La volonté de trouver des joueurs que les concurrents n’ont pas encore découverts. Une méthode qui réussit très (très) bien du côté de Brighton.
Moises Caicedo déniché du côté du club équatorien de l’Independiente del Valle pour 4 millions de dollars, se retrouve vendu à Chelsea pour 116 millions de dollars après moins de deux ans. Idem pour Alexis Mac Allister ! Acheté à Argentinos Juniors pour 6,9 millions de dollars et revendu plus tard pour 42 millions de dollars à Liverpool. Enfin, les datas permettent également de découvrir des joueurs dans des marchés jusque là peu connu des clubs européens. A Brighton, le cas de Kaoru Mitoma est l’exemple parfait. Le joueur japonais, en provenance du Kawasaki Frontale signe à l’époque pour seulement 2,6 millions de dollars lors de la saison 2021-2022. Il est désormais évalué à 40 millions d’euros selon le site Transfermarkt.

Une méthode de recrutement pérenne ?
Si jusque là la recette « Tony Bloom » fait ses preuves, c’est aussi parce que le club anglais a su miser sur de jeunes entraîneurs.
Des coachs eux-même issus de listes résultantes de données statistiques. En allant chercher successivement des coachs comme : Graham Potter en 2019, Roberto de Zerbi en 2022 et enfin Fabian Hurzeler en 2024, les « Seagulls » ont toujours misé leur argent sur des coachs qui ont réussi à Brighton.
Alors, Tony Bloom et ses équipes de recrutement sont-ils les meilleurs dans cet exercice de scouting informatique ? Probablement ! Car l’impact de Jamestown Analytics ne se limite pas au club anglais.
Depuis 2018, Tony Bloom est devenu le propriétaire du club belge de l’Union Saint-Gilloise. Alors en deuxième division au moment du rachat, le club de Bruxelles joue désormais les premiers rôles en Belgique. Le club est champion en titre de la D1A et vainqueur de la Super Coupe de Belgique. L’USG bénéficie des mêmes méthodes que celles de Brighton.
Et Jamestown Analytics opère aussi en dehors de la galaxie « Bloom ». Des équipes comme le Como 1907 en Serie A, ont confié leurs méthodes de recrutement à l’entreprise anglaise.
Dans le cadre d’un entretien accordé au média anglais « Jobsinfootball », l’analyste de données du club de Burnley, Jonathan Hill, confiait qu’aujourd’hui « dans 90% des clubs de football, les gens qui passent le plus de temps avec le manager sont les analystes ».
Le football reste pourtant un sport de hasard, soumis à des logiques et des résultats incertains. Les datas tentent de le modéliser et de le moderniser autant qu’elles le peuvent. Tout le monde pourra se poser la question de savoir si le football est réductible à la simple analyse mathématique et statistique.
Mais tout le monde reconnaît également que la recette « Tony Bloom » fait ses preuves. Alors, du côté de Brighton, on scout toujours !
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