Benjamin Nivet revient sur une carrière guidée par la passion et la fidélité. Entre choix de cœur et rendez-vous manqués, il se confie sans détour.
Vous avez arrêté à 42 ans, ce qui est plutôt rare aujourd’hui. Qu’est-ce qui vous a poussé à arrêter aussi tard ?
C’est la passion. Je suis vraiment passionné par le football, et c’est ce qui m’a poussé à aller aussi loin. J’ai fait beaucoup de sacrifices pour continuer. Mentalement, c’est important d’avoir cette passion.
Mais à un moment donné, je ne prenais plus de plaisir. Et quand on commence à avoir de l’âge, la relation avec l’entraîneur devient primordiale. Lors de ma dernière saison, cette relation est devenue compliquée, presque nocive et ça m’a poussé à arrêter.
Vous avez un lien très fort avec Troyes, où vous avez passé la quasi-totalité de votre carrière. Qu’est-ce qui vous a tant attaché à ce club ?
C’est vrai, j’y ai passé 12 saisons, ce qui est énorme aujourd’hui pour un joueur. C’est un club où je me sentais bien, avec un esprit familial, mais aussi de l’ambition. On a toujours navigué entre la Ligue 2 et la Ligue 1.
Bien sûr, si un club plus huppé avait vraiment voulu de moi, j’aurais tenté ma chance. Mais ça n’a pas été le cas, donc j’ai choisi de continuer là où je me sentais bien.
Avez-vous eu des contacts avec des clubs de haut niveau, en France ou à l’international ?
Oui, j’ai eu une offre très concrète quand j’étais à Caen, de la part d’Auxerre. On s’était mis d’accord, d’ailleurs. À l’époque, ils jouaient la Ligue des Champions, c’était l’époque du Milan AC, du Real Madrid… Mais Caen voulait absolument me garder, et moi je respectais mon club.
Il y a aussi eu des pourparlers avec l’Olympique de Marseille, en 2007. C’était pour un rôle de doublure et même si ça me plaisait, ça ne s’est finalement pas fait.
Récemment, sur RMC Sport, votre ancien coéquipier Jimmy Cabot a dit que vous étiez le joueur le plus fort avec qui il avait joué. Vous avez entendu cette interview ?
Oui, c’est une vraie fierté. Jimmy est un jeune qui est arrivé du centre de formation avec un super état d’esprit, très à l’écoute des anciens. Je pense qu’il a senti chez moi quelqu’un de proche, quelqu’un qui l’écoutait. Et d’avoir ce genre de reconnaissance, c’est ma plus grande fierté.
Quel a été le plus beau moment de votre carrière ?
Sans hésiter, les matchs de barrages. Je pense à celui contre Lorient, pour la montée en Ligue 1 avec Troyes. Quand ça vous sourit, c’est magnifique. J’ai aussi eu la chance de commenter certains matchs comme Saint-Étienne – Auxerre, ou Metz – Saint-Étienne… Ce sont des émotions indescriptibles. L’enjeu est énorme, le stade est bouillant… C’est ça, le plus beau pour moi.
La Ligue 2 évolue. Comment voyez-vous cette évolution, par rapport à la Ligue 1 ?
Il y a une vraie différence de niveau. En Ligue 1, les joueurs sont plus complets dans tous les domaines. Il y a un vrai palier à franchir. Ce que je remarque aussi, c’est qu’aujourd’hui les gros clubs de Ligue 1 dominent largement les plus petits. Il y a deux championnats en un : ceux qui jouent l’Europe et ceux qui jouent le maintien. Les meilleurs de Ligue 2 peuvent rivaliser avec les moins bons de Ligue 1 mais la marche reste haute.
Vous avez connu de nombreux stades. Lequel vous a le plus marqué ?
Le Parc des Princes, que je trouve magnifique. J’y allais souvent. Sinon, le Groupama Stadium à Lyon et le Vélodrome à Marseille sont impressionnants. J’ai connu l’ancien Vélodrome et le changement est incroyable. Les plus belles ambiances ? Marseille, Lens, Saint-Étienne… et j’ai été agréablement surpris par celle de la Beaujoire à Nantes.
Un entraîneur vous a-t-il particulièrement marqué à Troyes ?
Jean-Marc Furlan. J’ai aussi connu Guy Roux à Auxerre mais Furlan, lui, valorise vraiment le beau jeu. Il met en avant le poste de meneur de jeu et ça m’a beaucoup marqué. Il m’a donné énormément de responsabilités et j’ai rarement autant été mis en valeur dans ma carrière.
Un joueur, coéquipier ou adversaire, vous a-t-il particulièrement marqué ?
Contre, je dirais Neymar. Vraiment impressionnant.
Avec moi, Stéphane Darbion. On a eu beaucoup d’affinités. Et le meilleur avec qui j’ai joué, c’est Blaise Matuidi. Il est arrivé du centre de formation, et il a fait une carrière extraordinaire. Très intelligent dans son jeu.
Quel regard portez-vous sur le football actuel, de plus en plus athlétique ?
Le jeu a beaucoup évolué, c’est vrai. Les joueurs sont plus athlétiques, plus puissants. Mais ce que j’aime, c’est que les équipes qui réussissent, ce sont souvent celles qui ont un fort potentiel technique. Le PSG, avec Neves, Vitinha, Fabian Ruiz… Ce ne sont pas des monstres physiques, mais ils sont très intelligents dans le jeu. Et aujourd’hui, la technique et l’intelligence font la différence.
Après votre carrière, vous avez été consultant pour Prime Video. Quels sont vos projets aujourd’hui ?
J’ai pris énormément de plaisir. C’était très enrichissant, j’ai adoré travailler devant les caméras. J’ai un petit regret de ne pas avoir pu continuer. Retrouver ce rôle de consultant, c’est clairement un objectif. Je vais suivre l’actualité médiatique de près, et pourquoi pas postuler à nouveau.
Avez-vous envisagé une carrière d’entraîneur ?
Oui, c’est une idée qui me trotte dans la tête. Comme je l’ai dit, je suis passionné. En fin de saison, il faudra faire des choix. Le coaching, le management ou les médias, surtout dans le football, ce sont trois pistes qui me tentent.
Vous avez porté les couleurs de Caen, qui vient de descendre en National. Quel regard portez-vous sur cette actualité ?
C’est une vraie déception. Quand on connaît la ferveur autour de ce club, c’est dur de le voir descendre. Mais on ne peut pas gérer un club à distance. Il faut des gens compétents à chaque poste. J’espère que le club tirera les leçons de ses erreurs pour repartir sur de bonnes bases.
Vous gardez un bon souvenir de votre passage à Caen ?
Oui, c’était cinq saisons formidables. J’ai de très bons souvenirs au stade. Les Normands sont très accueillants, et il y a une vraie ferveur autour du club. C’est une institution, avec une histoire. J’espère que ce n’est qu’un coup de frein, et que le club repartira très vite.
Pour finir, un petit pronostic : vous aimez le Parc des Princes et le PSG. Un pronostic pour la finale ?
Je vais la suivre en tant que Français, et supporter parisien. J’espère une deuxième Ligue des Champions pour la France. Ce ne sera pas facile, mais je vois le PSG gagner avec un but de Dembélé et un autre de Marquinhos sur corner. Ce serait mérité pour lui.
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