Un p’tit tour et puis s’en vont. Pour les promus de Championship, l’impossible maintien en Premier League se confirme.
It’s official ! Les « Foxes » de Leicester, après une remontée directe en Premier League, sont de nouveau relégués en deuxième division. Idem pour les « Saints » de Southampton, autres promus, qui, eux, connaissaient déjà leur sort depuis plusieurs semaines. Et devinez quoi ? Le troisième promu, Ipswich, club de cœur de la star de la pop anglaise Ed Sheeran, retourne lui aussi en Championship après une saison passée dans l’élite.
C’est la deuxième année consécutive que les trois promus retrouvent directement la deuxième division.
Un phénomène récurrent
Depuis 1992, et à l’exception des saisons 2001-02, 2011-12 et 2017-18, au moins un promu est relégué chaque année. Pire encore : lors des saisons 1997-98, 2023-24 et 2024-25, les trois promus ont fait l’aller-retour immédiat entre la Premier League et la Championship. Au-delà de la simple relégation, c’est surtout le faible total de points engrangé par les promus qui interroge.
Prenons l’exemple de Leicester et d’Ipswich. Lors de l’exercice précédent en Championship, les Foxes sont sacrés champions avec 97 points. Leurs dauphins, les « Tractor Boys » d’Ipswich, enregistrent de leur côté, un total de 96 points. En d’autres termes, les deux équipes ont roulé sur le championnat cette année-là.
Pourtant, cette saison 2024-2025 en Premier League est d’une toute autre saveur. A l’issue de la 34ème journée, Ipswich, 18ème au classement compte 21 points, soit trois de plus que Leicester, 19ème avec 18 points.
Dit sous une autre forme, peut-être encore plus évocatrice, les deux promus n’ont gagné que 8 matchs à eux-deux en 68 rencontres disputées. Le cas de Southampton est encore plus terrible. Dernier du championnat, le club du Hampshire n’a seulement gagné que deux matchs cette saison en championnat. Mais comment expliquer cette différence d’une année à l’autre mais surtout d’une division à l’autre ?
Le grand fossé financier
Oui, année après année, l’écart financier entre les clubs de Premier League et ceux de Championship ne cesse de grandir. Car dans l’élite, même les clubs les moins bien classés perçoivent près de 130 millions d’euros en droits TV et primes. Là où le premier club de la deuxième division doit se contenter d’environ un tiers de cette somme.
En effet, selon le site Transfermarkt, l’écart de valeur entre les effectifs des promus (273,4 à 279,6 millions d’euros) et celui de Fulham (le plus bas de Premier League, à 362 millions d’euros) s’élève à près de 100 millions d’euros. Et ce alors même que Fulham compte quatre joueurs en moins !
La saison dernière, les effectifs de Sheffield et Luton ne valaient même pas la moitié de celui de Fulham. Un retard économique (à relativiser avec d’autres championnats européens) qui affecte de toute évidence, la qualité de l’effectif… et donc les résultats.
Comparaison n’est pas raison comme le veut l’adage. Pourtant, quand on regarde les chiffres, les promus ont eu d’énormes difficultés ces dernières années à se maintenir. Les exceptions récentes sont Nottingham, Bournemouth et Fulham qui ont réussi à se maintenir en 2022/23. Un fait que l’on peut notamment attribuer aux investissements réalisés. Ces trois clubs avaient tous dépassé les 90 millions d’euros en transferts. Ceux qui n’ont pas d’investisseur riche derrière eux doivent s’accrocher davantage.
À tout problème sa solution ?
Pas forcément. Et on pourrait presque dire que ce problème a aussi des répercutions sur l’équité sportive en Championship. Car redescendre en deuxième division, c’est l’assurance de « parachute payments », une forme de compensation financière destinée à amortir les pertes des clubs relégués pour éviter la faillite.
Ces fameux « parachute payments » sont parfois plus importants que les primes annuelles reçues par les autres clubs de la deuxième division anglaise. Cela creuse non seulement un écart entre la Premier League et la Championship, mais aussi à l’intérieur même de la deuxième division. Au final, ce sont souvent les mêmes équipes qui luttent pour la montée.
Un problème qui existe aussi dans d’autres pays. En Allemagne, par exemple, en 15 ans depuis l’instauration du barrage, l’équipe de première division a remporté 12 fois cette double confrontation. En Angleterre, le problème est encore plus grave en raison des sommes plus importantes en jeu. Cependant, les clubs de Premier League ne veulent pas d’une solution.
Il y a un an, sous la pression du gouvernement anglais, un nouvel accord devait être signé pour permettre l’augmentation des paiements de la Premier League à l’English Football League (EFL), dont bénéficient aussi les clubs de Championship. Mais l’accord a échoué. La faute à des divergences entre les 20 clubs sur la générosité et les conditions de ces paiements, ainsi que sur la provenance des fonds. Du point de vue de ces clubs, il n’y a aucune raison de financer la concurrence. La Premier League anglaise risque donc de se rapprocher de plus en plus d’une ligue fermée.
À qui le tour ?
Alors à quoi faut-il s’attendre pour Leeds et Burnley, les deux nouveaux promus de Championship, la saison prochaine ? Impossible à dire pour le moment. Mais ces deux clubs relégués à l’issue de l’exercice 2023-2024, retrouvent déjà la première division. Une chose est sûre. De part et d’autre, le mercato estival s’annonce intense et source de grosses dépenses. Car il faudra tout tenter pour s’offrir le droit suivant : se maintenir en Premier League.
A lire également : Ligue 1 : résumé de la 31ème journée