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[Partie 1] Damien Joly : « Pendant les JO, les nageurs étrangers étaient impressionnés par l’ambiance »

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Damien Joly, nageur olympique triple participant, revient sur son expérience des JO de Paris. Entre défis, émotions et fierté de représenter la France.

Dans cette interview, Damien Joly, nageur de haut niveau et triple participant aux Jeux Olympiques, revient sur son parcours exceptionnel et ses émotions vécues lors des derniers JO. Fier de représenter la France sur sa terre natale, il nous livre une vision intime de son expérience olympique, des défis à relever, ainsi que de l’importance de ces moments uniques dans sa carrière.

Vous avez participé à trois Jeux Olympiques, à Londres, Rio et Paris. Que représente pour vous chaque expérience olympique ?

Pour la natation, les Jeux olympiques, c’est vraiment le Graal. C’est la compétition la plus importante, celle qui marque un cycle de travail. En fait, on planifie tout quatre ans à l’avance : les saisons, les entraînements, tout est organisé pour atteindre un pic de performance aux Jeux. Et c’est vraiment là qu’on veut obtenir nos meilleurs résultats. Toute notre planification, nos entraînements, notre vie, sont centrés sur cet objectif des Jeux olympiques.

Pour moi, cela représente énormément, car cela fait maintenant trois olympiades que je m’y consacre. J’avais déjà commencé à me préparer pour Tokyo, ce qui fait plus de douze ans que je me prépare pour ces Jeux. C’est un moment extraordinaire que je souhaite à tout athlète de haut niveau, car c’est une compétition magique. On y partage des moments uniques avec les autres athlètes de toutes les nations. On vit dans un village avec les meilleurs sportifs du monde entier, et cela ressemble vraiment à une grande fête.

Ce qui rend cette expérience encore plus spéciale pour moi, c’est d’avoir pu participer dans mon propre pays, devant le public français. Cela a ajouté une dimension supplémentaire par rapport aux autres Jeux. C’était magique. J’ai été vraiment heureux de pouvoir vivre ça, d’être à mon meilleur niveau à ce moment-là et de participer à une finale à Paris, devant les Français. C’était incroyable.

Vous avez manqué de peu la qualification pour Tokyo. Comment avez-vous vécu cette déception ?

Dans une carrière il y a des hauts et des bas, surtout quand elle est longue. Il y a des moments où l’on ne peut pas être au top chaque année. Certaines années, j’ai été un peu moins performant que d’autres, mais cela fait partie du jeu. Sur le moment, c’était difficile à accepter car j’avais été finaliste à Rio et j’espérais faire mieux à Tokyo. Cependant, ma préparation n’a pas été optimale : j’ai été blessé l’année précédente, il y a eu le COVID, le confinement… Tout cela a rendu la situation compliquée.

À cette époque, je m’entraînais avec Philippe Lucas et même si j’ai vécu de belles années avec lui, cette période a été particulièrement difficile. J’ai été déçu de ne pas faire partie de l’équipe pour Tokyo. Je me suis rapidement remobilisé car il restait trois ans avant les prochains Jeux olympiques, qui de plus allaient se dérouler en France, chez moi, à Paris.

C’est cet objectif qui m’a permis de transformer ma déception en une source de motivation. J’ai décidé de tirer des leçons de cette expérience. De comprendre ce qui n’avait pas fonctionné, de modifier ma préparation et de me préparer différemment. Je suis content, car cela m’a aidé à poursuivre ma carrière, à améliorer ma préparation et à devenir plus performant dans mon sport.

« C’était fou de voir à quel point notre public nous encourageait »

Pouvez-vous nous décrire la sensation de représenter la France devant un public aussi proche ?

C’était une immense fierté d’être là, de représenter mon pays et de nager devant le public français, qui a été tout simplement incroyable. Je me souviens d’une anecdote marquante : même des athlètes étrangers et des entraîneurs s’étonnaient de l’ambiance. Ils nous demandaient : « Mais qu’est-ce qu’il se passe ici ? C’est quoi ce public ? On n’a jamais vu un tel soutien ! » C’était fou de voir à quel point le public nous encourageait. Et ça fait vraiment plaisir car au départ, il y avait pas mal de critiques. Finalement, ça s’est transformé en une fête incroyable, avec une ambiance de folie, des infrastructures impressionnantes et la magie de l’histoire de Paris en toile de fond.

J’étais vraiment fier d’avoir pu vivre ce moment. Et puis, il y a eu Léon Marchand, qui a réalisé des performances extraordinaires. Ses exploits ont énormément mis en lumière la natation en France, ce qui est un vrai plus pour notre sport. On en parle surtout tous les quatre ans mais il existe de nombreuses autres compétitions chaque année. J’espère que cet engouement va attirer plus de monde vers la natation. Que ce sport deviendra un peu plus médiatisé et que cela encouragera les jeunes à s’inscrire dans les clubs et à apprendre à nager.

C’est ainsi qu’on peut espérer former de futurs champions. Au-delà de ça, qu’on puisse aussi permettre à tous les jeunes de savoir nager au minimum. C’est un ensemble de belles choses qui se sont alignées pour rendre ces JO inoubliables.

Avez-vous ressenti une pression particulière ou au contraire, un soutien exceptionnel de la part du public français lors des JO ?

Pour moi, la motivation vient en grande partie de la pression, mais cette pression est plus présente avant la période de qualification. C’est vraiment cette phase où on n’est pas sûr de pouvoir participer aux Jeux olympiques. Nous avons obtenu notre qualification seulement cinq semaines avant les JO, donc pendant ces cinq semaines, on ne sait toujours pas si on va y participer. On sait qu’on est en forme, mais l’incertitude reste.

En revanche, une fois la qualification validée, la pression se relâche considérablement. À partir de ce moment-là, c’est vraiment un plaisir. On s’entraîne depuis des années pour ce moment, on fait partie de l’équipe, on va aux Jeux, on se retrouve devant notre public. C’est un véritable moment de kiff.

Il n’y a plus de retour en arrière possible, le travail est fait. Ce qu’on a fait avant, c’est fait, et on ne peut pas le changer. L’important, c’est de se libérer et de donner 100 % dans le moment présent.

Pensez-vous que cette expérience des JO en France va laisser un « avant » et un « après », autant pour le sport en général que la natation ?

Notamment avec les grandes performances de Léon Marchand, j’espère de tout cœur que des initiatives continueront à se mettre en place. Par exemple, avec la Police nationale, j’ai vu que le dispositif a considérablement évolué. Avant, il y avait 20 sportifs soutenus et maintenant nous sommes 70, soit 50 de plus qui bénéficient de ce soutien. Cela permet à ces sportifs d’être encore plus performants dans leur carrière.

J’espère que ce soutien ne s’arrêtera pas là et qu’il continuera dans cette direction. Il est essentiel de mettre davantage le sport en avant et de l’intégrer dans notre quotidien. Le sport, à mon avis, n’est pas encore assez présent dans notre culture en France. Il faudrait petit à petit arriver à l’inclure davantage. Je sais que ce n’est pas simple, mais après ces Jeux à domicile, cela pourrait permettre au sport de prendre plus de place dans la vie des Français.

Ce serait aussi un signal pour que les politiques y prêtent plus attention et qu’ils intègrent le sport de manière plus importante dans leurs programmes. Si cela se concrétise, ce serait bénéfique pour tout le monde. Nous serions tous gagnants si le sport gagnait davantage en visibilité et en soutien.

Damien Joly

Pays : France

Âge : 32 ans

Poids : 72 kg

Sport : Natation

Image du sportif

À lire également : Léna Grandveau : « On a envie de revivre la magie des JO »

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